3) A la découverte du pouvoir des mots

« Mon premier carnet d’écriture, mes premiers mots maladroits, spontanés. Les joies, les peines, les colères déposées noir sur blanc. La découverte du pouvoir thérapeutique de l’écriture ».

Quand la plume te tient la main

En sixième, on m’a offert, pour mon anniversaire, mon premier journal intime. C’était un carnet à la couverture rouge tacheté de noir. Il était petit. (☝🏽Photo d’accueil non-contractuelle☝🏽). Et moi qui ai déjà du mal à écrire sur un format type cahier classique, imagine la galère. Mais c’était mon premier journal intime. Il y avait même le stylo noir style Mont-blanc qui allait avec. J’allais pas chipoter non plus. Très vite j’ai noirci les premières pages.

Mettre des mots sur le chaos

Les premiers mots sur les maux

Bizarrement, dans ce carnet tant apprécié, je n’y ai pas raconté mes journées, mon monde imaginaire, mes exploits héroïques. Mais j’y ai déversée mes colères, mes angoisses secrètes. Les pages étaient noires comme mes frustrations. Un jour ma sœur est tombée dessus en fouillant dans mes vêtements où je rangeais la boîte de Pandore. Et dans sa grande mansuétude, elle l’a montré à ma mère qui a appris de ce réceptacle tout le bien que je pensais elle. Elle a déchiré toutes les pages la concernant et a remis l’objet du crime à sa place.

J’ai découvert mon ami amputé de plus de la moitié de ses pages. Il était tellement petit que 4 ou 5 lignes suffisaient à en remplir une. Ma sœur s’est vantée de son larcin auprès de moi. Mais, ma mère, elle, ne m’en a jamais parlé. Et moi, je n’allais quand-même pas demandé des comptes à ma mère (antillaise)🤦🏾‍♀️ ? Alors, j’ai longé longtemps les murs et le temps a passé.

L’écriture, le reflet dans le miroir

Écrire me permettait de me relire autrement que ce que je donnais à voir. Dans ce va-et-vient entre ce que je vivais et ce que j’écrivais, je commençais à me comprendre. Il y avait l’être et le paraître. On parait ce que notre éducation, nos croyances, la société nous inculquent. On redit, recrache, on agit en bon automate. Mais l’être, ohhhh l’être. C’est une autre réalité. La réalité ! Celle qui forge, félicite, encourage ou affaiblie, méprise, détruit.

Face à sa réalité, on peut se sentir forte ou bien seule. Et c’est là que la légende amérindienne des deux loups prend tout son sens. Si tu n’as pas lu mon écrit avec l’article de McGulfin et Fabien Salliou sur cette morale, je t’invite à le lire : 90 jours pour amorcer un changement. C’était le 1er défi. Tu t’en souviens ? je t’en ai déjà parlé 🤦🏾‍♀️

La rupture avec les mots

Quand j’ai fini mon mini journal intime, je n’en ai plus écrit d’autre avant bien longtemps. Tout comme pour le chant, j’ai abandonné cet espace d’expression et de liberté pour le sport que je pratiquais depuis l’âge de 8 ans. il est devenu mon addition privilégiée. Pas l’activité mais l’ivresse du sport. Les souffrances, les échecs, le corps sculpté, les victoires. Et en 7 ans, j’ai enchaîné escrime, athlétisme, basket, volley. Quelques fois, plusieurs en même temps. Le pire c’est que j’excellais. Championne de Guadeloupe, inter-îles… J’accumulais coupe et médailles, selections dans différentes disciplines.

La rupture le sport

Et un jour, mon corps lâcha. Double périostite à 15 jours des championnats de France minime d’athlétisme. La douche froide. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Qu’est-ce qu’une gamine de 13ans peut comprendre à l’accumulation d’activités, au manque de repos et la déshydratation chronique ! Pleurer ne servait à rien. Crier non plus personne n’entendrais. Alors, j’ai laissé tombé toutes mes activités sportives. J’ai gardé ou plutôt le volley-ball m’a gardé.

J’avais un entraîneur Alex B. qui était plus qu’un entraîneur pour ses joueurs. Il a été un père. Il a tout sacrifié (sa vie de famille et santé) pour nous voir réussir. Paradoxalement, je dois avoir été la plus difficile et pourtant, je suis sa plus grande fierté féminine : J’ai été recruté en N3 par Evreux Volley-ball (pointue titulaire), je me suis arrêté à l’accession de la N1. Je suis titulaire master et j’ai un emploi de cadre. Je ne pouvais pas faire mieux qu’un de ses joueurs qui a fait Saint-Cyr et qui est aujourd’hui haut cadre de l’Etat. Ce garçon était tout comme moi de condition très modeste. Mais, il a toujours été un extraterrestre. 😂

Le début d’une thérapie

Cette période de flottement a été très, très longue et douloureuse. J’ai perdu ma grand-mère, que j’aimais de tout mon cœur, pour mes 17ans. Et à partir de là, j’ai connu des déboires personnels qui ne se racontent pas dans un Blog. Je n’arrivais pas à toucher le fond. J’étais devenir une foreuse professionnelle. Ce n’est que vers mes 26ans, que j’ai renoué avec ma vielle amie, la plume. Retrouvée là où je l’avais laissé. Ça aurait pu être la religion, si seulement j’avais avec elle une relation aussi privilégiée.

J’ai d’abord écrit des chansons, Puis j’ai juste écrit. Chaque mot que j’ai déposé me libérait d’un poids de ma peine. C’était toujours aussi maladroit, parfois haineux, mais profondément salvateur.

Je le précise et aurais sûrement encore l’occasion de le redire. Ça marche pour moi. Ça ne veut pas dire que c’est valable pour tous. Il y a des gens compétents et formés (thérapeute clinicien, thérapie, alternative…) pour accompagner les personnes qui en sentent le besoin. Les outils ne manquent pas. Ce n’est pas le moyen qui compte. Mais c’est le résultat.

#JournalIntime #ÉcritureThérapeutique #CarnetDeVie #PlumeConseilDigitale

Je n’ai jamais été une adepte du paraître mais plutôt du disparaître. C’est peut-être parce que l’écriture m’a toujours écoutée quand personne ne m’entendait, que pour moi, comme thérapeute non objectif, il n’y a pas mieux. 🙃

Mais comment être passé d’un blog à l’écriture d’un livre quand la voix dénonce ?😎

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